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Le Gwoka, expression de l’identité guadeloupéenne

 

Bonjour à toi cher colibri !

Dans les derniers articles, nous nous sommes beaucoup intéressés à la Martinique et à un de ses éléments culturels incontournables : le bèlè.

La Guadeloupe étant l’île-soeur de la Martinique, c’est sans surprise que l’on y trouvera le cousin du bèlè : le Gwoka (ou Gwo Ka).

Qu’est-ce que le Gwoka ?

Le gwoka (ou gwo ka) est un genre musical de la Guadeloupe qui peut à la fois qualifier le chant, la musique et la danse.

Il est principalement joué avec des tambours appelés « ka ». Les différentes tailles des tambours établissent la base. Le plus grand : le boula joue le rythme central et le plus petit : le marqueur (ou makè) marque la mélodie et interagit avec les danseurs, le chanteur soliste (chantè) et les chœurs (lé répondè). Les participants et le public forment un cercle (lawonn) dans lequel les danseurs et le soliste entrent à tour de rôle, en faisant face aux tambours. Le public frappe des mains et chante le refrain imposé par le soliste. Les autres instruments sont le chacha (une sorte de maraca).

À l’origine pratiqué essentiellement par les descendants des déportés africains mis en esclavage, le gwoka traditionnel s’est aujourd’hui étendu à toutes les couches sociales et économiques, tous les groupes ethniques et religieux de la société guadeloupéenne. Le gwoka se pratique tant sur scène pendant les fêtes de quartier, que dans les festivals en plein air ou dans les salles de spectacle. Il est également présent dans les rites funéraires, particulièrement dans les veillées mortuaires et les vénérés (dernier jour de la neuvaine de prières qui suit l’enterrement).

Le gwoka accompagne aussi bien les cérémonies religieuses catholiques, que le camping en bord de mer à Pâques et à Pentecôte.

Les origines du Gwoka

Il faut remonter au XVIIe siècle (dans le système esclavagiste) pour trouver des traces des éléments constitutifs du gwoka d’aujourd’hui. Ces pratiques étaient celles des Africains déportés et mis en esclavage en Guadeloupe. En se rassemblant malgré les interdits du Code Noir pour jouer du tambour, chanter et danser, ils en ont fait un espace de résistance à la déshumanisation et à l’acculturation, assurant ainsi sa viabilité. Depuis, le gwoka s’est transmis de géneration en génération.

L’étymologie du mot serait la déformation créole gwo ka de gros-quart, la contenance usuelle des tonneaux à partir desquels les esclaves confectionnaient leurs instruments.

Le Gwoka : instruments, rythmes et expression

Instruments

Le ka est un tambour composé d’une peau de cabri (chèvre) et d’un tonneau, le tout assemblé par un système de cordage. La caisse de résonance du ka est un tonneau de bois. Matériau de récupération au temps de l’esclavage, il servait à conditionner la viande salée ou le vin. Ses caractéristiques acoustiques originelles le rendaient prêt à l’emploi comme instrument de percussion.

Le makè traduit en séquences sonores les gestes, pas et attitudes du danseur. Un, deux, souvent trois boula émettent l’ostinato rythmique sur la base duquel le danseur développe ses improvisations. Le chacha (hochet fait d’une calebasse évidée puis remplie de grains durs) est secoué pour émettre ses propres séquences qui complètent celles du boula, tandis que le tibwa déroule un ostinato distinct du boula.

Rythmes

Il existe sept rythmes basiques de gwoka et de multiples variations de chacun :

  • Kaladja : rythme à 2 temps, lentement.
  • Menndé : rythme à 4 temps,
  • Léwoz : rythme à 2 temps, marqué par 1 repriz
  • Padjanbèl (à ne pas confondre avec Granjanbèl qui a une autre rythmique) ou Gwadjanbel : rythme en 3/4. Il exprime la joie et la liberté.
  • Woulé : rythme à 3 temps.
  • Graj : rythme à 4 temps,
  • Toumblak : rythme à 2 temps, rapide.

Il existe trois autres rythmes :

  • Sobo : Rythme à 2 temps quasiment oublié (peut-être le seul rythme africain)
  • Takout ou Takouta : rythme inventé par le groupe Takouta : rythmes à 4 temps développé par 3 tambours ka (un basse, un rythmique et un solo)
  • Mayole (Kalenda en Haïti): C’est un duel aux bâtons sous forme de danse rythmé par le son des tambours, actuellement peu pratiqué. Il symbolise la résistance.
Expression

Le gwoka est une forme d’expression libre dans laquelle le soliste excelle dans la transmission d’émotion (lokans), le danseur (toujours seul dans l’espace) exprime sa créativité tout en dialoguant avec le tambour soliste (makè), qui réciproquement met en valeur ses pas, tout en développant sa propre créativité.
Le léwòz est l’espace d’expression privilégié du gwoka. Cette manifestation obéit à ses propres normes de temporalité, de spatialité et de convivialité. Elle réunit les principaux acteurs la nuit, en une ronde, où dominent les relations de pouvoir et de reconnaissance. Le public est également
acteur, s’invite individuellement et à tour de rôle dans la danse qui s’effectue face aux tambours. Le léwòz, espace ouvert à tous, est libre et gratuit.

 

 

Le gwoka aujourd’hui

La tradition des swaré léwoz peut être remontée aux premiers temps de la culture afro-guadeloupéenne. Ces soirées musicales étaient organisée principalement par et pour les travailleurs agricoles des domaines sucriers. Ils se retrouvaient le samedi soir pour chanter, jouer et danser de la musique au tambour. La disparition de ces communautés agricoles est liée à la dislocation des domaines sucriers à la fin des années 70. La reconnaissance populaire de la musique gwoka date des années 60 et 70 grâce aux idées des mouvements nationalistes sur la culture guadeloupéenne et à leur diffusion dans la population.

Aujourd’hui, plusieurs milliers de personnes pratiquent assidûment le gwoka chaque semaine dans les écoles et les associations de gwoka, les léwòz, les Koud Tanbou (performances informelles en ville comme à la campagne), de jour ou de nuit. Il accompagne les temps forts de la vie quotidienne ainsi que les manifestations festives, culturelles et profanes. Il accompagne également des mouvements de revendications sociales et politiques. Il renforce l’identité et procure un sentiment de valorisation collective et de fierté individuelle, en portant des valeurs de convivialité, de résistance et de dignité.

Le  le Gwoka est inscrit au patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Cette inscription a quelquefois été critiquée. Ainsi, pour Jean-Claude Nelson, chanteur du groupe Soley Nwè : « Le gwoka est une expression identitaire qui ne peut être en mème temps celle de l’esclave et celle du maitre ». Des festivals lui sont consacrés, outre en Guadeloupe (celui de Sainte-Anne fêtait ses 33 ans, en juillet 2020), il en existe aussi à Paris, ou encore à Montauban (dans le Sud de la France hexagonale).
Le son du Ka a aussi résonné, à la Villette, à Paris, pour le dernier jour du Festival de Jazz, le dimanche 13 septembre 2020. Rien d’étonnant quand on sait que Jazz et Gwo Ka ont en commun l’improvisation et leurs origines africaines.

 

Comme d’habitude, je vous laisse avec une petite vidéo qui, je l’espère, vous fera bouger.

 

Lina

 

📚 :

https://ich.unesco.org/fr/RL/le-gwoka-musique-chants-danses-et-pratique-culturelle-representatifs-de-lidentite-guadeloupeenne-00991

file:///C:/Users/utilisateur/Downloads/gwoka.pdf

https://la1ere.francetvinfo.fr/guadeloupe/basse-terre/guadeloupe/le-gwo-ka-identite-guadeloupeenne-et-patrimoine-de-l-humanite-874040.html

Comments

  • Zamia

    Magnifique lina cela donne vraiment envie de danser 👏👏👏👏💖💃💃

    9 juin 2021 at 20h41
    • Lina

      Heureuse que vous ayiez apprécié cet article. Effectivement, ça donne envie de danser ! J’espère que vous serez des nôtres pour l’atelier de Gwoka en ligne du Samedi 12 juin de 18h à 20h (plus d’infos sur la page « Immersion virtuelle »). Belle journée à vous.
      Lina

      11 juin 2021 at 10h47

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