Le repas dominical antillais

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Caraïbe,Food,Martinique

 

J’ai dit Bonjour petit colibri!

Tu as sûrement dû voir le portrait de la belle Eloïse… qui nous raconte qu’elle affectionne particulièrement les moments passés en famille.

Pour ce nouvel article, j’ai envie de t’emmener un peu dans la mienne 😊. Lorsque j’y pense, la première image qui me vient en tête, le premier souvenir qui refait surface, est le repas de famille du dimanche.

Nous avions pour habitude de nous rassembler chez Tonton Augustin et sa femme, Tatie Jeanne. Ils avaient (ont toujours) une grande maison dont le rez-de-chaussée était en fait une grande terrasse ouverte, où nous nous retrouvions tous pour ce repas qui allait en réalité durer des heures !

La terrasse était aménagée de façon stratégique. Lorsque l’on y rentrait, on trouvait directement sur notre droite la table des apéritifs. Parce que chez Tatie Jeanne, on se sert d’abord à boire, et ensuite on salue tout le monde. C’était une assez grande table, et pourtant, il n’y avait pas un espace de libre, si tu vois ce que je veux dire… De l’autre côté, dans le coin gauche, était installé un espace salon avec une petite table basse et quatre fauteuils. Je ne réalise que maintenant pourquoi ce coin étant tant prisé par mes grands oncles (rires). Au milieu de la terrasse s’étendait une longue table à manger qui pouvait accueillir une trentaine de convives. Et puis au fond, il y avait la table des enfants 😊.

 

 

Nous arrivions donc tous sur les coups de 11h, pour prendre l’apéro. La bonne humeur était maîtresse de maison. Un brouhaha mixant rires, querelles d’enfants et milans [1] croustillants, gagnait l’espace et croissait en même temps que le nombre de ti punchs ingurgités par mes tontons. Mes cousins et moi servions à tour de rôle les pistaches, accras de morue et autres amuses-bouches aux grands, en prenant bien soin d’en choper furtivement quelques-uns pour nous entre deux services.

Deux heures plus tard, une fois bien remplis de jus et de saucisses cocktails, et toutes les histoires racontées à la mode du téléphone arabe, il était enfin temps de passer à table ! Et là, il fallait s’accrocher !

pate-en-potPour (r)ouvrir nos estomacs, on commençait par déguster le traditionnel pâté en pot, une savoureuse soupe préparée avec des légumes et des abats de mouton. Pas très appétissant dit comme ça, mais fais-moi confiance…c’était excellent, si bien qu’on s’en resservait. Cette soupe se prépare avec amour, des heures durant. A l’époque c’était mon feu grand-père qui en détenait le secret.

Après une courte pause, le temps de débarrasser les assiettes, nous passions à l’entrée : une petite salade de crudités, accompagnée de boudins créoles rouges ou blanc, et de tartelettes au crabe. C’était mon plat préféré, car léger mais ô combien savoureux. Je n’y allais donc pas de main morte, ce qui causerait ma perte par la suite, car arrivait… le plat de résistance (toudouuum).

Les taties défilaient pour répartir sur la table les fait-tout de légumes pays (fruits à pain, choux de chine, ignames, bananes jaunes), de haricots rouges ou lentilles consommées, et de ragoûts de coq du poulailler de Tonton Augustin. Entre les épices et le piment bonda man jak, tout cela sentait divinement bon. A ce stade, tout le monde était plein à craquer. Mais comme disait ma grand-mère, « Vaut mieux que l’homme crève, que le bien de Dieu se gâte » ! Alors chacun se faisait sa petite assiette. Moi je trichais en me servant un quart de carreau d’igname que je noyais dans la sauce du ragoût pour faire illusion.

Entre les « Régine, passe-moi un peu de sauce chien », et les « Tu as entendu ce qui est arrivé à monsieur Untel la semaine dernière ? », nous pouvions rester à table jusque facilement 16h, au grand désarroi des plus petits, qui attendaient le dessert avec impatience.

glace-vanille-pacaneLorsque la dernière tatie avait fini de saucer [2]son assiette, la farandole de glaces pays et de fruits locaux débarquaient sur la table. C’est à ce moment-là que je capitulais. Quand il n’y a plus de place, il n’y a plus de … Attends ! C’est une glace Vanille-pacane que je vois arriver là ? Au temps pour moi !

A 17h donc, le repas du « midi » s’achevait enfin. Chacun se posait où il pouvait pour digérer, mi-honteux, mi-satisfait. Les taties les plus coriaces préparaient thés et cafés pour apaiser nos estomacs. C’était également le moment où les tontons reprenaient la ronde des ti punchs…pour la digestion bien sûr !😉

A 19h, il était grand temps de servir…le GOÛTER 😅! De bons gâteaux bien parfumés, que nous osions à peine toucher car nous savions que quelque chose viendrait bientôt leur voler la vedette. J’ai nommé : la PAIN AU BEURRE CHOCOLAT. Un What now ? Non, ce n’est pas un sandwich au beurre avec des carrés de chocolat. Il s’agit d’un met incontournable des tables antillaises. Le pain au beurre, à mi-chemin entre la viennoiserie et la brioche, véritable œuvre d’art par son tressage, accompagne un chocolat chaud, appelé chocolat de communion, onctueux et parfumé à souhait aux bonnes épices de chez nous. Un mariage parfait.

Le chocolat de communion est d’origine martiniquaise. Comme son nom l’indique, il était servi auparavant lors des fêtes des premières communions, puis par extension, lors de grands événements (mariages, baptêmes …). Aujourd’hui, toute soirée se terminant après minuit est prétexte pour en préparer un. D’ailleurs, pour certains, le pain au beurre chocolat est une source de motivation plus forte que la raison de l’invitation elle-même.

Bien que banalisé, jusqu’à ce jour, personne n’a réussi à percer le secret de la proportion « pain au beurre – chocolat » parfaite. On se ressert donc en général un peu de l’un, pour terminer l’autre, jusqu’à épuisement.

Bref, ainsi se terminaient les repas de familles du dimanche. Chacun repartait avec son tipewaw [3] rempli des restes du midi, avec l’espoir de réussir à s’endormir le soir.

Quel bon souvenir…

Si tu me disais en commentaire à quoi ressemblait ton repas de famille ?

Lina

P.S. : Voici la recette du chocolat de TiMolokoy, d’où provient la photo

[1] Ragôts

[2] Nettoyer son assiette de toute trace du repas, notamment avec une tranche de pain

[3] Tupperware avec l’accent antillais

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4 Responses

  1. Bonjour,
    Tu m’as ouvert l’appétit et cet esprit de famille, j’adore 😘
    Avant de partir en Martinique, j’ai bien compris que je devais perdre quelques kilos si je veux mettre mes robes 😂

    1. Bonjour Marianne,
      Oui c’est sûr qu’on ne vient pas en Martinique au milieu d’un régime 😃 (ou alors à tes risques et périls). Les moments conviviaux sont souvent, pour ne pas dire toujours, accompagnés de bonne nourriture. Et il y a de quoi faire là-bas ^^

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