Une tradition rassembleuse : le trempage

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Le mois dernier, nous avons parlé des combats de coqs. Le genre de thème qui ne laisse personne indifférent, que l’on soit pour ou contre la protection des animaux, pour ou contre les jeux d’argent, pour ou contre le maintien des traditions.

Aujourd’hui, nous parlerons toujours de tradition mais d’un sujet bien plus plaisant et qui met tout le monde d’accord : la nourriture ! Nous le savons tous, la gastronomie française est réputée à travers le monde… mais la gastronomie antillaise… ayayay !

Alors tous les mélanges ne sont certainement pas bon à faire, mais comment vous dire que le mix entre l’une des meilleures cuisines au monde avec la région possédant l’une des plus belles diversités culturelles de par son histoire ne peut produire qu’un bon résultat. Tout le monde connaît le fameux « colombo de poulet », ou encore les délicieux « accras de morue »… que de délices pour en avoir l’eau à la bouche…

Mais connaissez-vous le trempage ?

 

Petit retour dans le temps…

Le trempage est un plat typique de la côte nord Atlantique de la Martinique. Les origines ne sont pas bien définies car les contes et légendes gardent une place importante dans l’environnement antillais. Du coup, je ne saurais vous confirmer s’il s’agit d’une création provenant de la combinaison entre un pêcheur et un boulanger comme certains l’affirment ou s’il s’agit d’un héritage que nous avons conservé depuis l’époque de l’esclavage dont la source serait basée en Afrique.

Quoi qu’il en soit, une fois n’est pas coutume aux Antilles, le trempage est traditionnellement préparé par les hommes. Eh oui, dans nos petites sociétés matriarcales, il faut dire que la cuisine est plutôt réservée aux femmes (beaucoup moins maintenant qu’avant).

L’autre grande particularité de ce met local est qu’il est exclusivement consommé directement avec ses doigts, et par là je veux dire sans couverts ! Si c’est une pratique très courante au sein de nombreuses sociétés africaines, en Martinique, elle est extrêmement rare. Cela demande donc une véritable organisation et le respect de certains codes.

 

Comment se mange un trempage ?

Tout d’abord, il faut savoir que le trempage est un met collectif. Il est donc impossible de s’imaginer manger un trempage tranquillement devant sa télévision. Je vous défends aussi d’organiser un trempage dans un appartement de 19 mètres carrés.

Un bon trempage se déroule dans un grand espace et idéalement en extérieur. Nous reviendrons plus tard sur la composition du plat… Oui, oui, je sais que vous en avez hâte mais un peu de patience, vous savez bien que l’apéro aux Antilles est primordial, surtout accompagné du Ti-punch. Donc, il ne faut jamais être pressé avant de commencer à manger. D’autant qu’il y a des règles indispensables à respecter sous peine de se faire éjecter de table !

La première règle à connaître concerne la posture. En effet, le trempage se consomme avec une seule et unique main, l’autre devant rester dans le dos. Évidemment, nul besoin de vous préciser qu’il faut avoir les mains propres avant tout démarrage.

La seconde règle à suivre est que même autour d’une table composée de plus de trente personnes, chaque participant a une place bien définie et ne s’aventure pas à visiter le compartiment d’un autre. Tu manges ce que tu as devant toi et c’est tout !

La troisième règle est qu’un bon repas antillais se déroule toujours dans la bonne humeur… cela évite tout risque d’étouffement et assure un moment aussi authentique que magique.

 

La composition du trempage

Bien que les origines du trempage se trouvent au nord Atlantique de la Martinique, certains chauvins pourraient même préciser qu’il provient du petit quartier de pêcheur de Tartane dans la ville de Trinité. Et qui dit village de pêcheur dit plat à base de poisson !

En effet, le trempage est un court-bouillon de morue épaissi à la farine, servi très chaud sur un lit de pain rassis. Ce dernier a été préalablement trempé puis étalé sur de grandes feuilles de bananiers. Et puis, la petite touche qui fait toute la différence, la préparation est agrémentée de morceaux de bananes jaunes, d’avocats – parfois de noix de coco dans certaines préparations – somptueusement relevés par une sauce pimentée confectionnée avec des épices et des condiments « succuleusement » associés !

Avec de telles caractéristiques, le plat ne pouvait pas rester l’exclusivité du nord Atlantique de la Martinique. Aujourd’hui, il se consomme un peu partout sur l’île. Les recettes ont aussi évolué au fil du temps pour le plaisir de tous. Des trempages sont donc organisés à base de fruits de mer ou de viandes. De nombreux ressortissants étrangers raffolent de ces moments qui ne sont pas uniquement culinaires mais aussi et surtout atypiques, et bien souvent dans des cadres idylliques.

Chaque année, au mois de Juillet, la ville de Trinité organise une grande manifestation autour de ce plat. L’office du tourisme soutient régulièrement cet événement connu sous l’appellation de : Le Trempage Show !

Alors je ne sais pas pour vous, mais rien que d’écrire tout ça, ça m’a ouvert l’appétit. Et comme on dit aux Antilles « Sak vid paka tjenbé doubout ». Cela se traduit par « Un sac vide ne tient pas debout ». Autrement dit : il faut bien se nourrir pour être en forme. Sur ce, je vous souhaite un bon appétit et je vous dis à très vite pour de nouvelles aventures sur Plume Évasion !

 

Lina

 

P.S. : La gastronomie antillaise est ma passion. D’ailleurs, dans cet article, je vous parle d’un repas dominical classique dans ma famille.

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