Insolite et controversé : le combat de coqs

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Me revoici, me revoilà… rechargée à bloc, prête au combat !

Eh oui, comme dirait une expression des Antilles : « Mwen ô komba ! ». Cela signifie que je suis prête à affronter tout ce qui se présentera à moi, en cette rentrée très spéciale compte tenu du contexte sanitaire global. Après m’être ressourcée et vous avoir quelque peu partagé l’envers du décor de mes vacances, on est reparti pour une saison riche en couleur, émotion, bonheur et bonne humeur !

En cette période où le combat est au centre de tous les débats, je vais vous présenter une tradition antillaise aussi controversée que plébiscitée : le combat de coqs.

 

Qu’est ce que le combat de coqs ?

Le combat de coqs, comme son nom l’indique est un affrontement organisé autour de cet animal de la ferme qui n’est nul autre que le symbole, l’emblème de la France : le coq !

Cet événement sans pareil est orchestré dans un environnement bien spécifique avec des règles strictes définies par les initiés. Elles sont rigoureusement respectées dans le gallodrome, plus communément connu aux Antilles sous l’appellation de « Pitt », pour la Martinique, « Pitakok » pour la Guadeloupe, « Rond de coq » à la Réunion.

Il faut d’ores et déjà se rendre compte qu’un Pitt, au-delà de l’attrait touristique qu’il peut suscité, est un lieu qui comporte de nombreux codes et où l’argent circule en abondance. En somme, bien que cela puisse être identifié comme une distraction par certains, il ne s’agit pas ici d’un jeu enfantin. « Adan Pitt moun paka fè lafèt ! » (« dans un Pitt, on ne rigole pas »)

Mais avant d’aller plus loin, faisons un petit retour dans le temps.

 

D’où vient cette tradition ?

La pratique du combat de coqs est présente dans de nombreux pays à travers le monde. De par son caractère vindicatif, le coq n’apprécie guère la concurrence et sera prêt à aller jusqu’à la mort pour défendre sa position dominante sur un territoire face à un rival. Ce trait de caractère peut être aussi surprenant que paradoxal pour un animal plutôt connu pour sa sociabilité… mais cette ténacité nous réserve parfois des affrontements extraordinaires.

Ces batailles, qui aujourd’hui sont pleinement inscrites au patrimoine culturel immatériel des Outre-mers, n’auraient pourtant jamais vu le jour si ce gallinacé n’avait pas été introduit par les Espagnols au XVIIè siècle. Dès leur arrivée sur l’île, l’animal a été considéré autant comme oiseau de combat que comme de la volaille domestique.

Cela dit, cette introduction est propre aux Antilles puisque dans les autres territoires ultra-marins, l’origine des combats de coqs proviendrait des Chinois (pour la Polynésie) et des Indiens (pour la Réunion).

Du coup, ces événements ont une portée et une organisation bien spécifique selon l’endroit où l’on se trouve sur notre douce planète. Toujours est il que les races utilisées sont plus ou moins les mêmes un peu partout dans le monde.

 

Les participants aux combats de coqs

Évidemment, parmi les participants du combat de coqs, il y a… le coq lui-même.

Dans nos régions, le coq de combat est élevé, choyé, chouchouté, chéri jusqu’à ce qu’il se dresse dans l’arène tel un vaillant conquérant. On y retrouve 3 principales races :

  • Coq bankiva ou coq « gros-sirop », rouge foncé
  • Coq « cendré », avec des plumes de couleurs blanches et noires
  • Coq « madras » en raison de sa couleur rouge orangé

Si vous souhaitez vous lancer dans la discipline, il est à noter que le prix d’un coq de combat varie entre 1 500 et 10 000 euros environ.

J’en viens justement aux autres participants, les « coqueleurs ». Propriétaires, joueurs ou spectateurs, les coqueleurs sont tous ceux que l’on retrouve dans l’enceinte du pitt.

Bien que cette pratique séculaire soit généralement transmise de père en fils, elle n’est pas réservée qu’aux hommes. Cependant, les années passant, et les restrictions augmentant, le nombre de pitts diminue énormément.

 

La législation autour du combat de coqs

Il y a encore quelques dizaines d’années, la Martinique comptait près de 185 gallodromes sur son territoire. Aujourd’hui, il n’en reste plus que 19 !

La raison de cette forte baisse s’explique non seulement par l’engouement et l’investissement qui est bien moins important depuis quelques années mais aussi par la législation très répressive concernant la discipline. En effet, alors que de nombreux « pays riches » ont tout simplement interdit la pratique, il existe une dérogation pour les territoires suivants : Martinique, Guadeloupe, Guyane, Réunion, Polynésie, Hauts-de-France. Cette dérogation est justifiée par une « tradition locale ininterrompue ». Ceci étant, il y est tout de même interdit de créer de nouvelles arènes de combat pour les coqs, à raison de 30 000 euros d’amende, assortie d’une peine de prison ferme en cas de non-respect de la loi.

S’il est vrai que dorénavant, notamment en Guadeloupe, les coqs ne combattent plus jusqu’à la mort – quelques minutes d’immobilisation au sol suffisant pour déclarer le combat perdu, comme à la boxe – le combat de coqs est assimilé à de la corrida pour beaucoup. Dès lors, de nombreuses associations de défense des animaux militent pour l’arrêt de la discipline. Leur volonté de mettre un terme à ces combats est appuyé par les conditions d’entraînement très soutenues, l’utilisation de produits dopants pour certains et la manne financière qui est générée par ce qu’ils considèrent être de la maltraitance des animaux.

 

 

La survie d’une tradition

A ce jour, les gallodromes souffrent donc de cette mauvaise réputation et il va sans dire que la situation de crise sanitaire accompagnée de l’interdiction des rassemblements ont fortement impacté la discipline. Dans ces conditions, les coqueleurs de la Guadeloupe ont même été obligés d’envoyer une lettre ouverte au premier ministre de la France, Jean Castex, compte tenu des décisions prises par le préfet sur le territoire.

En Martinique, la reprise des activités se fait progressivement mais les confinements successifs ne permettent pas non plus une pleine relance de l’activité.

Comme dans toute discipline de haut niveau, il est toujours très difficile de recycler ces compétiteurs hors pair. Les pertes sont donc évidemment considérables.

Malgré tout, les combats de coqs aux Antilles restent une institution. Une activité qui s’inscrit pleinement dans le patrimoine local de ces territoires. Cette tradition présente depuis plusieurs siècles n’est clairement pas dans l’ère du temps… mais un peuple sans culture, n’est-il pas un peuple sans âme…?

 

Et vous ? Pour ou contre le combat de coqs ? Selon vous, une tradition doit-elle être sauvée à tout prix ?

Donnez-moi votre avis en commentaires….

 

A an dot soley (à bientôt),

Lina

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4 réponses

  1. Après mûres réflexions puisque je suis d’avis qu’il faut que la tradition perdure …..je me range du côté des défenseurs des animaux car un combat à mort c’est une forme de maltraitance… donc je suis contre

  2. C’est difficile de choisir entre tradition et défense des animaux, mais d’une façon générale je crois que la défense des animaux est plus importante, surtout pour des animaux qui n’ont rien demandé à personne ! Les pauvres…

    1. Il faut réussir à trouver un juste milieu…enfin milieu… la balance doit quand même peser du côté de la protection des animaux. On s’entend 😉

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