Les langues créoles dans la Caraïbe

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Bonjour petit Colibri,

Dans cet article, on va s’interesser à une autre élément qui caractérise les îles de la Caraïbe : le créole.

Qu’est-ce que le créole? Comment est-il né?

Le terme « créole » serait d’origine portugaise (« crioulo ») et désignait à l’origine celui « qui a été élevé dans le foyer domestique ». Du portugais, le terme passe à l’espagnol (« crollo ») avec la colonisation des Amériques et désigne une « personne de pure race blanche née aux colonies ».

Il désigne avant tout les personnes qui sont nées dans les colonies et qui y ont grandi. Elles peuvent être de père et mère colons (donc blancs), ou de père colon et de mère amérindienne ou africaine (donc métis). Les esclaves nés sur les plantations sont eux aussi appelés « créoles »

Très vite, le terme s’étend aux objets, aux animaux, à la cuisine, à la musique et à tout ce qui découle de ce qu’on appelle un processus de créolisation. Puis, par extension, désigne la langue née dans les plantations.

La définition de ce qu’est une langue créole varie en fonction de l’auteur et du public visé. Les linguistes ne sont pour l’instant pas arrivés à une définition satisfaisante pour tous les spécialistes. Ceux-ci s’accordent tout juste sur le fait qu’il s’agisse de « langages nouveaux qui se distinguent des langages desquels ils tirent le gros de leur lexique ou de leur grammaire », et qu’ils sont nés « de l’influence d’un contact inhabituellement important entre des langues durant des circonstances sociales particulières ». Elle est basée dans la majorité des cas sur un champ lexical européen, et possède une structure africaines et es influences amérindiennes (parfois indiennes).

Où parle-t-on le créole?

Les langues créoles se sont formées et ont réussi à se maintenir dans tous les territoires identifiés comme « l’Afro-Amérique centrale », à l’exception des territoires de colonisation espagnole. Dans la Caraïbe dite insulaire (les îles de la Caraïbe et les territoires continentaux adjacents considérés par le Programme des Nations unies pour le développement comme des petits États insulaires en développement : Belize, Suriname, Guyana, Guyane),  l’espace créolophone actuel correspond globalement au Belize, à la Jamaïque, à Haïti, à une partie des Petites Antilles (l’arc des petites îles qui s’étend des îles Vierges à Trinidad), aux îles dites « ABC » (Aruba, Bonaire, Curaçao) ainsi qu’au Guyana, au Suriname et à la Guyane. Sont donc exclues de la Caraïbe créolophone : les îles Cayman (où le créole jamaïcain est toutefois très parlé par les travailleurs migrants originaires de l’île voisine), les Bahamas (où le créole bahaméen n’est plus parlé que sous forme mésolectale), les territoires hispanophones (République dominicaine, Puerto Rico), les Îles Turques-Caïques (où les nombreux migrants haïtiens et jamaïcains ont importé leur créole), et certaines îles des Petites Antilles qui connaissent ou ont connu la décréolisation.

Les langues créoles parlées dans les différents territoires peuvent varier considérablement : si les locuteurs de Saint-Vincent, de Trinidad, des Bahamas et de la Jamaïque peuvent se comprendre malgré les différences notables dans leurs créoles (voir discussion dans la troisième partie), les locuteurs de sranan tongo (littéralement « langue du Suriname »), de patwa (nom donné à leur langue par les locuteurs du créole jamaïcain) et de kreyol ayisyen (créole haïtien), ne peuvent absolument pas se comprendre entre eux.

Le créole : langue ou pidgin?

Une langue créole est une langue grammaticalement aussi élaborée que n’importe quelle autre. Autrement dit, « le créole n’est ni une langue simple, ni une langue simplifiée, ni une langue incomplète. C’est une langue à part entière qui n’a en fait rien d’exceptionnel linguistiquement parlant » (De Graaf, 2003). Bon nombre de linguistes affirment que les langues créoles seraient une version évoluée des pidgins – le pidgin étant une langue simplifiée et essentiellement parlée, qui n’est la langue maternelle de personne, car elle est utilisée exclusivement comme langue de contact entre deux groupes ne parlant pas le même idiome. La grande différence entre pidgin et créole est que la seconde est la langue maternelle d’un groupe d’individus.

A l’époque, il sert aux esclaves, qui sont issus de différents groupes linguistiques africains, à se comprendre entre eux. L’Européen (planteur, missionnaire, etc.) est persuadé qu’il tire ses esclaves vers sa culture (il « civilise ») à travers ce qu’il considère comme un bon compromis : le « Negro-English » (ou – Negro-French, etc.). Toutefois les chercheurs caribéens savent depuis l’anthropologue cubain Fernando Ortiz que la déculturation (l’abandon de sa culture pour une autre) n’existe pas. Ces situations créent au contraire de la « transculturation ».

Décréolisation, recréolisation et diffusion du créole

Décréolisation

La décréolisation touche, ou a touché, les espaces des créoles afro-francophones de la Martinique et de la Guadeloupe, ainsi que les espaces des créoles afro-britanniques qui étaient parlés autrefois à Trinidad, à Saint-Vincent, à Sainte-Lucie, à la Dominique et aux Bahamas notamment. Elle a souvent des raisons politiques : le créole a été combattu, notamment par l’école et par les familles qui ont cherché, depuis le milieu du xx e siècle, à donner à leurs enfants une éducation dans la langue coloniale.

Recréolisation

Ces dernières années le créole martiniquais a connu un regain de vitalité et le territoire a vu une recréolisation qui a pris quatre formes distinctes : une reconquête (plutôt orale) du territoire par un créole martiniquais largement teinté de français (de mieux en mieux accepté), l’enseignement du créole dans les écoles (un master de créole a par exemple été ouvert), une créolisation de la langue française parlée (« j’achète dans ses mains » au lieu de « j’achète chez lui », etc.) et un processus de recréolisation distinct qui a vu la naissance d’une langue française littéraire propre à la Martinique, sous la plume d’auteurs renommés comme l’écrivain Patrick Chamoiseau.

Diffusion du créole

Le processus de diffusion du créole à l’international se retrouve pour les espaces densément peuplés et ayant une forte attractivité culturelle, notamment la Jamaïque (plus de trois millions de locuteurs pour le créole jamaïcain) et Haïti (plus de onze millions de locuteurs).

Cette diffusion s’opère, d’une part, par les différents flux de migrations, mais également par la musique (prenons l’exemple du compas haïtien pour Haïti, ou du reggae et de la dancehall pour la Jamaïque).

Au final, le créole jamaïcain est aujourd’hui parlé à la Jamaïque, ainsi que dans des poches correspondant à des communautés de migrants (de première, deuxième et troisième génération) situées le long de la côte de l’Amérique centrale, dans la Caraïbe (Saint-Martin, îles Vierges, Trinidad, etc.) et dans bon nombre de grandes métropoles nord-américaines (Miami, Atlanta, Washington, New York, Toronto, etc.) et britanniques (Londres notamment).

Le créole haïtien, lui, s’est aujourd’hui diffusé dans les espaces de la diaspora et est désormais présent partout où l’on retrouve des poches de migrants haïtiens plus ou moins larges : Brésil, Guyane, Suriname, Venezuela, Martinique, Dominique, Guadeloupe, Saint-Martin, République dominicaine, Îles Turques-et-Caïques, Bahamas, États-Unis, Canada, France…

Je m’arrêterai là pour aujoud’hui. Il y a plein d’articles intéressant à découvrir sur le sujet.

Je citerai les trois dont sont inspirés cet article.

https://editions.leve.ht/blog/cr%C3%A9olophonie-et-identit%C3%A9-dans-la-cara%C3%AFbe-multilingue-et-multiculturelle

https://www.caraibes-mamanthe.org/culture-creole/langue

https://www.cairn.info/revue-espace-geographique-2015-1-page-1.htm

https://www.bellemartinique.com/la-martinique/culture/lexique-creole/

N’hésite pas à me dire ce que tu en as pensé en commentaire.

Et comme le dit le proverbe créole : lang pèp sé nam li (le langage d’un peuple est son âme)

Lina

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