Bien le bonjour petit colibri,
Il y a deux semaines, je t’emmenais dans nos beaux jardins tropicaux et te faisais découvrir (ou re-découvrir) nos pulpeux et juteux fruits oubliés. Aujourd’hui, je suis sûre que tu l’as déjà deviné, nous aborderons les légumes !
Dans nos jardins créoles, de plus en plus de légumes sont progressivement remis au goût du jour. Faute ou grâce à la covid, qui a aussi été précédée d’une forte vague du « mieux manger », la tendance est à la (re)découverte des produits du terroir. Consommer ce que l’on cultive devient donc une nécessité pour de nombreuses personnes, y compris pour les citadins.
Aujourd’hui je te parlerai de cinq légumes qui ont été perdus de vue mais qui sont pourtant encore bien présents : le cresson, le topinambour, le massissi, le manioc et le « coco-milé ».
Le cresson
Le cresson, n’est pas vraiment un légume mais plutôt une plante, bien que certains spécialistes le désigne comme étant un « légume-feuille ». Utilisé depuis des millénaires, ses vertus ne sont plus à prouver : tonique, antianémique, diurétique, expectorant, apéritif, stomachique, vermifuge, dépuratif, sudorifique, hypoglycémiant… Autant te dire que la liste est longue. De plus, il a un faible niveau calorique combiné à de nombreux nutriments. Il est source de vitamines A, K et C, il contient du potassium, du calcium et du phosphore. Il comporte des quantités de fibres non négligeables et par-dessus tout c’est un antioxydant puissant qui permettrait d’éviter l’apparition de cancers et d’améliorer la santé visuelle.
Le topinambour
Le topinambour est un vieux légume qui dont on retrouve d’abord la trace chez nos ancêtres Amérindiens avant que les Européens ne débarquent sur le continent. Depuis on l’a rebaptisé truffe du Canada, artichaut de Jérusalem ou encore soleil vivace. C’est un légume racine qui peut atteindre jusqu’à 3 mètres de hauteur et dont on consomme le tubercule, qui ressemble fortement à ceux du gingembre. Pour la petite histoire, ce légume cultivé par les Amérindiens a été introduit sur le Vieux Continent par des explorateurs français, il a connu un réel succès en raison de la facilité a l’exploiter, notamment sur les sols pauvres, avant d’être détroné par la pomme de terre. Il a ensuite été assimilé à un produit pour nourrir le bétail ou propre à la guerre. Aujourd’hui, le topinambour retrouve progressivement de sa superbe au point même d’être présent à la carte de certains restaurants.
Le massissi
Le massissi ou concombre des Antilles est évidemment originaire… du Sud Ouest de l’Afrique ! Eh oui, contrairement au surnom qui lui est donné, ce légume issu d’une plante grimpante a été introduit durant la période de l’esclavage, notamment en provenance d’Angola. Compte tenu du nombre important de variétés inconnues de la même espèce, d’autres sources semblent soutenir que l’origine de ce légume se situe dans des zones tropicales d’Amérique. Sa consommation est assez variée, il se prépare cru à la vinaigrette, cuit à la vapeur ou frit. Avec ses vertus rafraîchissantes, le massissi était autrefois utilisé en médecine traditionnelle pour soigner les affections de l’estomac. Ailleurs, on lui apporte d’autres propriétés telles que pesticide au Zimbabwe, contre les problèmes rénaux en Colombie ou encore pour soigner les hémorroïdes avec ses feuilles à Cuba.
Le manioc
Le manioc fait certainement office de hors-sujet dans notre sélection de légumes oubliés. Car ce légume n’est nul autre que la cinquième plante la plus consommée dans le monde à l’heure actuelle, après le riz, le blé, le maïs et la pomme de terre. Ce tubercule originaire d’Amérique du Sud est connu pour être consommé en farine ou en cassave (oui, oui, comme le célèbre groupe international de musique « Kassav’ » qui s’en est inspiré pour son nom), il est aussi consommé en morceau cuit à l’eau. Cela étant dit, de nombreuses préparations sont passées aux oubliettes, d’où sa présence dans notre sélection. En effet, qu’il soit amer ou doux selon la variété, le manioc se retrouve dans les assiettes à travers le monde en bâtonnet, en frite, en purée, en couscous, en gratin, en gâteau, en muffin, en flan et même en glace. Au passage, dans certaines régions d’Afrique, les feuilles de manioc sont aussi consommées dans une préparation succulente. En outre, il ne faut pas oublier que le manioc comporte des substances susceptibles de se transformer en cyanure. Très dangereux pour l’homme, cela peut provoquer de très violentes intoxications voire la mort dans certains cas plus rare. Il convient donc de le manipuler sous les conseils d’une personne familière avec ce tubercule. En outre, les bienfaits du manioc sont très multiples : riche en glucides, sans gluten, très digeste, rassasiant ainsi qu’une très bonne teneur en magnésium, potassium et Vitamine C. Autant dire que ce tubercule est excellente alternative aux céréales traditionnelles.
Le coco-milé
Enfin, parlons du « coco-milé ». Mon petit colibri, connais-tu le « coco-milé » ou « koko-milé » ? Si non, il est aussi appelé « koko-bourik », adon, masako, pomme-en-l’air, pomme Edward, igname bulbifière ou encore hoffe. Si tu ne l’as toujours pas alors voici quelques explications. Le « coco-milé » est une variété de d’igname aérienne. A peu près de la grosseur d’une pomme de terre, on le trouve sur une liane grimpante à partir d’un tubercule. La plante pousse et prolifère à partir du moment où elle trouve un support sur lequel elle peut s’enrouler et peut atteindre jusqu’à 12 mètres de long. Une fois la liane desséchée, le « coco-milé » se décroche seul et tombe. C’est le signal pour savoir qu’il est mûr et bon à cuire. S’il n’y a pas de traces d’utilisation de ce légume à des fins médicinales aux Antilles-Guyane ou à la Réunion, il n’en est pas de même pour Madagascar où la pulpe séchée intervient dans la guérison de plaies, blessures ou furoncles. En Inde, on retrouve le « coco-milé » dans le traitement des ulcères, des hémorroïdes, de la syphilis et de la dysenterie. Les feuilles quant à elles sont utilisées contre le mal des yeux.
Voilà ! 😄
Cela en fait des informations et des fruits et légumes aux diverses vertus. Entre les anti-diabètes, les antioxydants ou les « améliorateurs de performance », il ne fait nul doute que notre pharmacopée est extraordinaire. Il serait vraiment dommage de perdre toutes ces richesses par simple oubli ou par conséquence de la mondialisation… Alors que ce soit la légende Amérindienne présentée dans l’article sur l’association Peyi Vert ou à travers la célèbre citation de Frantz Fanon, « Chaque génération doit dans une relative opacité découvrir sa mission, la remplir ou la trahir », mon petit colibri, c’est à nouveau à toi de jouer !
Lina